En 2 années, Elida Almeida s’est imposée sur les scènes des musiques du monde d’Europe, d’Afrique et d’Amérique du Nord. Venue de nulle part, Elida séduit dès son premier album et sa chanson Nta Konsigui (2,7 millions de vues sur YouTube), avec à sa voix chaude et suave à la fois, capable d’exulter avec puissance. Dans son second album, Kebrada du nom du village où elle a passé son enfance, elle affirme son identité africaine, assaisonnant d’énergie latine les rythmes capverdiens batuque, funaná, coladera ou tabanka. Son tempérament fougueux et sa joie de vivre n’empêchent pas une critique sociale qui se manifeste dans des balades nostalgiques aux accents pop. A 25 ans, la jeune femme impressionne par sa maturité, son talent et sa générosité.

Après Ora doci, Ora margos (Moment Doux, Moments Amers), premier album paru avec succès en 2015, Elida Almeida publie Kebrada, intégralité de ses nouvelles compositions, après la sortie au printemps 2017 d’un EP de six titres, Djunta Kudjer, (« mettre nos cuillères ensemble », s’unir par amitié, solidarité ou même amour, en créole cap-verdien). Croisant musiques et inspirations diverses, les douze titres de ce nouvel album explorent les traditions de l’archipel sahélien, qui fut un lieu de passage pour les marins désireux de relier les deux rives de l’Atlantique. Nous naviguons ainsi avec Elida entre balades nostalgiques (Forti Dor, ou l’histoire d’un fils mort de ses mauvaises fréquentations, Nlibra di Bo, chanson de rupture aux consonances très cubaines) et l’énergie des rythmes du batuque (N’Kreu), du funanà (Grogu Kaba), de la coladera (Djam Odja) ou de la tabanka (Bersu d’Oru)…
Imprégné d’accents pop, mais aussi de l’esprit des îles d’outre-Atlantique, le style de la jeune chanteuse est voyageur. Prix Découvertes RFI en 2015, Elida Almeida, 25 ans, a appris l’art des croisements lors de tournées effectuées aux quatre coins du monde, avec passage en Côte d’Ivoire, en Haïti, à Paris ou encore à Cuba. La nouvelle perle du Cap-Vert a de l’appétit, de la curiosité, une tonne de bonne humeur et autant de détermination.

Née le 15 février 1993 dans l’île de Santiago, Elida Almeida a grandi auprès de ses grands-parents, dans le petit village de Kebrada, un endroit reculé et montagneux proche de Pedra Badejo, à l’est de l’île capitale. « Un endroit sans routes, sans électricité » où seule la radio à piles assure les liens avec l’extérieur, mais où le bonheur existe. A l’âge de 14 ans, elle déménage sur l’île de Maio, grandes étendues de sable, marais salants, plages et vagues perlées. Elle y aide sa mère qui vend des légumes et des fruits sur le marché de Vila do Maio, également dénommé Porto Ingles (le port anglais).
Désignées par le destin parmi les dix îles de l’archipel, Santiago fut l’île de ses racines, Maio, celle de son émancipation. Mère à 17 ans, tout en poursuivant ses études, Elida Almeida affine dans la chaude Maio sa culture musicale en présentant un programme sur la radio locale. Elle travaille sa technique vocale dans la simplicité des chants d’église. Tenace, partisane farouche du droit à l’éducation, Elida quitte ainsi le monde rural pour composer des chansons amoureuses et concernées.
Lors d’un concert donné à Praia, plongée dans un doute si profond qu’elle s’est inscrite par précaution « en communication multimédia à l’université », elle rencontre José da Silva, créateur du label Lusafrica, à qui elle envoie ses chansons « avec appréhension, en tant que femme compositrice dans un pays qui compte tellement d’immenses talents ». Elle enregistre Ora doci, Ora margos en 2014, et d’emblée, sa fraîcheur et sa voix chaude plaisent – le titre Nta Konsigui qu’elle a composé à l’âge de 17 ans, est inscrit de suite au générique du très populaire feuilleton télévisé portugais A Unica Mulher.

S’il existe un « berceau d’or », il ne lui fut pas donné à la naissance : Elida Almeida le tisse avec une gracieuse obstination. Pour sculpter en toute liberté ce Bersu d’Oru, Elida Almeida s’est servi d’un rythme moins connu, la tabanka, utilisée pendant les fêtes carnavalesques de l’île de Santiago, devenue le symbole de la lutte pour l’indépendance du pays et marquant aujourd’hui l’affirmation joyeuse et colorée d’une identité africaine. Elle se livre dans ce titre à un singulier name dropping : Manuzinhu, Sema Lopi, Nha Nacia, Katxàs, Norbetu … « J’ai grandi avec la présence de ces maîtres ancestraux de la tabanka, j’ai souvent rêvé de les avoir rencontrés, d’avoir dansé avec eux. La tabanka est une tradition créée pour contourner l’interdiction des rythmes et des instruments africains décrétée par le colonisateur ». Chaque année, rois et reines noirs défient les maîtres blancs, s’amusent de leurs travers et reconstituent dans un grand carnaval la splendeur noire.
Si la tradition, développée avec des variantes sur les îles, tend à se perdre, Elida Almeida la capte, la digère et la transforme, avec la complicité de son guitariste et arrangeur Hernani Almeida. C’est avec précision et bonne humeur qu’elle emprunte à son environnement. « Mes chansons sont inspirées par ma propre histoire comme Sapatinha, qui évoque les comptines de mon enfance où je me réveillais au chant du coq. Parfois je me mets dans la peau des autres comme, par exemple, celle d’une femme battue dans Kontam ». Il y a aussi les méfaits du grog (le rhum local) dans Grogu Kaba, le retour du migrant dans Nta Fasi Kusa. Et, omniprésente, la figure de la mère, qui aime, qui punit parfois, mais qui toujours prodigue ses conseils avec bienveillance.
Réalisé avec les musiciens qui accompagnent la chanteuse sur scène, Hernani Almeida (guitares), Nelida da Cruz (basse), Diego Gomes (claviers), Magik Santiago (batterie), Kebrada fait appel à quelques invités de marque, notamment Vincent Segal au violoncelle, les fils de Codé di Dona à la gaïta et au ferrinho, et l’accordéoniste Regis Gizavo dont ce fut là l’un de ses derniers enregistrements.

Prix Découvertes RFI en 2015, la jeune fille, qui est née dans l’île de Santiago, a travaillé sa technique vocale dans la simplicité des chants d’église.
Elle a affiné sa culture musicale en proposant un programme sur la radio locale de Maio, où elle a grandi après la mort de son père, soutenant sa mère, marchande ambulante. Tenace, partisane farouche du droit à l’éducation, Elida a quitté le monde rural pour composer des chansons amoureuses et concernées. D’emblée, sa fraîcheur et sa voix chaude ont plu – l’une de ses premières œuvres (Nta Konsigui) figura d’emblée au générique du célèbre feuilleton télévisé portugais A Unica Mulher. S’il existe un «berceau d’or», il ne lui fut pas donné à la naissance: Elida Almeida le tisse avec une gracieuse obstination. Elida Almeida s’est imposée sur les scènes des musiques du monde d’Europe, d’Afrique et d’Amérique du Nord.

Elida séduit dès son premier album et sa chanson Nta Konsigui (2,7 millions de vues sur You-Tube), avec à sa voix chaude et suave à la fois, capable d’exulter avec puissance. Dans son second album, Kebrada du nom du village où elle a passé son enfance, elle affirme son identité africaine, assaisonnant d’énergie latine les rythmes capverdiens batuque, funaná, coladera ou tabanka. Son tempérament fougueux et sa joie de vivre n’empêchent pas une critique sociale qui se manifeste dans des balades nostalgiques aux accents pop.
La jeune femme impressionne par sa maturité, son talent et sa générosité.